CONTEXTE ET JUSTIFICATION

La retraite se prépare dès le premier jour de l’embauche, dit un adage propre au monde du travail qui n’est pas toujours pris à la lettre. Beaucoup de fonctionnaires ou de travailleurs du secteur privé ne pensent pas (ou pensent très peu), à assurer leurs vieux jours. En conséquence, ils font perdre à leur retraite son caractère noble pour désormais être perçue comme une sanction, voire une fatalité. Aller à la retraite rime dès lors avec condamnation à mort. La situation est si préoccupante que le taux de mortalité, dans les premières années de la retraite est très élevé. Pour exemple, au cours de l’année 2005, la Caisse de Retraite des Fonctionnaires de l’Etat (CARFO) a versé autant de pensions aux retraités vivants qu’aux veufs de retraités. Cette situation tragique s’explique par plusieurs facteurs au nombre desquels figurent en bonne place l’oisiveté et la baisse subite des revenus des personnes retraitées liées, entre autres, à la perte de certains avantages au moment où ils étaient en activité (salaire élevé, prime de rendement, prime de bilan, indemnité de transport, indemnité de logement, frais de téléphone ou flotte, assurance santé etc.).

En effet, au Burkina Faso,  les conditions de vie des personnes retraitées estimées en 2015 à plus de 1 500 selon l’annuaire statistique de la CARFO ne sont pas toujours reluisantes, eu égard à la faible consistance de leurs pensions face aux énormes besoins sociaux de la famille (nourriture, électricité, déplacements, santé, éducation des enfants, etc.). Ainsi, pour survivre, les retraités qui ne comptent que sur leur pension sont parfois obligés d’être des experts en mathématique : additionner, soustraire, multiplier, diviser pour optimiser leurs dépenses, en vue de garantir leur pain quotidien.  Tout cela contribue à rendre redoutable cette période de la vie qui est attendue avec enthousiasme sous d’autres cieux.  

Toutefois, il est bien possible de jouir d’une retraite relativement paisible, si celle-ci est bien préparée à l’avance ou si chaque fonctionnaire ou salarié pense dès maintenant à sa reconversion professionnelle. C’est ainsi que de nombreux agents du corps médical (pharmaciens, médecins, infirmiers, etc.), par exemple, préparent leur retraite en ouvrant soit des cliniques, ou des cabinets de soins ; soit des pharmacies qui, parfois ont du mal à prospérer par manque d’accompagnement à la base.

Dans le milieu enseignant, les avis sont partagés. Si certains préparent leur retraite par la construction d’écoles primaires privées ou de collèges, d’autres préfèrent rompre avec la profession en s’investissant dans d’autres activités plus lucratives et qui leur permettent de rompre avec le statu quo. Toujours est-il que ce n’est pas à la veille qu’il faille commencer à y penser. Parler de retraite, c’est donc s’inscrire dans une vision prospective, c’est réfléchir à sa reconversion professionnelle pour éviter des surprises désagréables.

Le présent programme de pantouflage économique ou de reconversion professionnelle souple s’inscrit dans cette dynamique. Il vise à permettre aux travailleurs du secteur public et du privé à mieux préparer leurs retraites grâce à un appui-conseil structuré et adapté à leurs besoins. De façon spécifique, il vise à permettre aux salariés retraités ou qui sont à la porte de la retraite de créer des entreprises viables susceptibles de les occuper et de leur procurer des revenus durables pendant leur période de retraite.